Par Stephanía Aldana Cabas
Après quatre jours durant lesquels les colombiens sont descendus dans la rue pour protester contre la réforme fiscale et ont été réprimés par les forces de sécurité, le président Ivan Duque a annoncé le retrait du projet de loi et l’entrée dans une phase de consensus pour la construction d’un nouvel projet. Les marches qui ont débuté le 28 avril ont permis aux colombiens de protester contre la réforme fiscale présentée par le ministère des Finances, au milieu de l’urgence sanitaire que traverse le pays à cause du Covid-19.
Les marches qui ont débuté le 28 avril ont permis aux colombiens de protester contre la réforme fiscale présentée par le ministère des Finances, au milieu de l’urgence sanitaire que traverse le pays à cause du Covid-19.
Les manifestations prévues pour le 28 avril dans le cadre de la dénommée Grève nationale, ont été prolongées jusqu’à ce 3 mai, jour auquel les chauffeurs de taxi et les transporteurs se sont joints aux blocages, après que le président Ivan Duque ait annoncé une intervention militaire pour les villes présentant les plus grandes concentrations. Jusqu’à présent, l’abus excessif de la force publique a laissé un bilan inquiétant de violations des droits des manifestants.
Pour comprendre les points de la réforme fiscale introduite au Congrès le 15 avril :
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Après sa présentation, certains analystes ont critiqué la réforme fiscale, soulignant combien elle serait néfaste pour la classe moyenne salariée et les petites et moyennes entreprises :
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Pour cette raison, différentes centrales syndicales, syndicats et organisations sociales ont appelé à une grève nationale pour le 28 avril, afin de montrer leur mécontentement face à la nouvelle réforme. Cependant, les marches du dénommé 28A, bien qu’elles aient bénéficié d’un soutien massif dans différentes villes du pays, ont été réprimées de manière excessive par les forces publiques, avec l’excuse d’éviter le vandalisme.
Après quatre jours de manifestations, il y a eu plus de 851 actions de violence policière dans différentes villes du pays, entre le 28 et le 30 avril, selon ce que l’ONG Temblores a rapporté le 2 avril 2021. En outre, des organisations telles que le Réseau des droits humains Francisco Isaías à Cali, l’une des villes où les plus grandes concentrations ont eu lieu, ont déclaré avoir reçu des rapports faisant état de 14 personnes tuées par des tirs de la police ; pour l’instant, 7 ont été confirmés et 7 autres sont en cours d’enquête.
L’ONG Temblores a enregistré le démesurage des fonctions des forces de sécurité et a indiqué que cette action a causé 68 victimes de violence, 4 victimes de violence sexuelle, 13 victimes de violence homicide, en plus de 655 détentions arbitraires contre des manifestants, 98 interventions violentes, 14 personnes tuées pendant la mobilisation et plus de 18 coups de feu tirés sur des personnes qui se mobilisaient dans différentes villes.
Source : ONG Temblores
Pendant ce temps, la campagne ‘Défendre la liberté’ a publié sur Twitter qu’à 21 h 30 le 1er mai, cinq personnes avaient été tuées, neuf défenseurs des droits humains avaient été agressés par la police nationale et 18 personnes avaient été blessées aux yeux par les forces de sécurité.
La réforme fiscale est-elle en train de tomber ?
Le Président de la Colombie Iván Duque après avoir assuré le 1er mai 2021 qu’il ne retirerait pas le projet de réforme fiscale, vers midi le dimanche 2 mai Duque a demandé lors d’une conférence de presse au Congrès de la République, de retirer le projet déposé par le Ministre des Finances Alberto Carrasquilla, le 15 avril dernier et, de plus, a demandé à l’organe législatif de traiter en urgence un nouveau projet de loi fiscale.
Avant ces mesures, les représentants des syndicats ont indiqué qu’ils sont ouverts au dialogue, ainsi que la Fédération colombienne des travailleurs de l’éducation (Fecode), mais « retourneront dans la rue, si le projet ne tient pas compte des besoins des Colombiens ordinaires et tend à l’appauvrissement de la population », a déclaré Williman Zambrano, représentant de la Fecode.
Cependant, l’organisation ‘Colombia Informe’ a annoncé que dans le nord de Bogota, la capitale colombienne, (rue 127 avec Carrera 13, à côté du centre commercial Unicentro), des chars ont été installés, ainsi que l’escouade mobile anti-émeute (Esmad) ; malgré le fait que Duque ait annoncé quelques minutes auparavant que son gouvernement donnait des garanties de sécurité et de respect des droits humains aux manifestants qui ont annoncé que la grève nationale se poursuivrait.
La minga indigène a rejoint la Grève nationale
Le 30 avril, le Conseil régional indigène du Cauca (CRIC), par l’intermédiaire du conseiller majeur, Hermes Pete, a annoncé que les 127 autorités ont approuvé l’assemblée permanente et qu’elle se rendra à Bogota où elle rejoindra les autres organisations qui ont déclaré la grève nationale, en raison des diverses mesures prises par le gouvernement national, lors de l’urgence sanitaire causée par le Covid-19.
Le dimanche 2 mai, la minga indigène est arrivée à Jamundi, Valle, où elle a été reçue par la population qui a fermé la route menant à la municipalité en soutien à la grève nationale. On s’attend à ce que le mouvement indigène arrive au cours de cette semaine dans la capitale colombienne.
Voir : Conférence de presse : Les communautés indigènes réitèrent leur position sur la grève nationale
Par conséquent, ils appellent à de nouvelles journées de protestation pour le 5 mai prochain, avec les revendications suivantes :
Garanties et libertés démocratiques, garanties constitutionnelles de mobilisation et de protestation. Démilitarisation des villes, fin des massacres et punition des responsables. Et, de même, le démantèlement de l’ESMAD. Les points de négociation avec le Comité national de grève du plan d’urgence peuvent être résumés comme suit :
1. retrait du projet de loi santé 010 et renforcement d’une vaccination massive.
2. un revenu de base d’au moins un salaire minimum légal mensuel.
3. Défense de la production nationale (agricole, industrielle, artisanale, paysanne). Subventions aux petites et moyennes entreprises (PME) et à l’emploi avec des droits et une politique qui défend la souveraineté et la sécurité alimentaires.
4. Zéro coûts inscription école et non à l’alternance éducative.
5. Non-discrimination de la diversité de genre, sexuelle et ethnique.
6. Pas de privatisation et abrogation du décret 1174 (2).
Notes
(1) En Colombie, la « mermelada » (confiture) est le nom donné par les gens à l’argent qui donne le gouvernement aux membres du Congrès pour obtenir le soutien et l’approbation de lois et d’initiatives.
(2) Le décret ordonne qu’à partir du 1er février 2021, les travailleurs indépendants ou dépendants qui perçoivent moins d’un salaire minimum mensuel soient obligatoirement affiliés au socle de protection sociale, réformant, en dehors du canal démocratique, les composantes constitutionnelles et légales de la sécurité sociale : en matière de santé, le régime contributif est remplacé ; les prestations économiques périodiques BEPS remplacent les régimes de retraite, et l’assurance inclusive remplace l’affiliation au Système des risques du travail. (plus d’information ici)