Parfois dans l’affolement d’une situation que l’on n’a pas su anticiper, on va se saisir de n’importe quoi pour réagir et l’on va envenimer la situation. On a tous déjà vécu ça.
C’est un peu ce qui se passe avec toutes ces théories farfelues qui circulent en ce moment sur la pandémie. Ne pas y céder ne veut pas forcément dire que l’on cautionne ce qui se passe par ailleurs. Cela veut juste dire que l’expression “tomber de Charybde en Scylla” n’a pas été inventée pour rien.
Le problème auquel fait face l’humanité est bien plus large que cette pandémie. C’est celui de notre modèle de développement. Ce n’est pas nouveau, mais aujourd’hui, avec le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources naturelles, nous sommes face à un défi qui menace les conditions mêmes de notre survie sur cette planète. Il est donc important de ne pas se tromper de diagnostic.
Ce défi nous interroge d’abord individuellement, avant d’être reporté par le compas géant d’une collectivité de près de 8 milliards d’individus sur notre société globalisée.
Ce défi nous questionne sur les raisons qui nous ont poussé à dériver à ce point loin des réalités physiques de ce monde, alors que par ailleurs nous avons fait d’immenses progrès dans la compréhension de ses mécanismes.
Reste, cependant, une inconnue de taille dont on ne mesure peut-être pas l’importance : l’âme humaine. Nous ne savons toujours pas régler nos humeurs, chasser nos doutes, se rire de nos fantômes, et par-dessus tout sonder nos immenses réservoirs de sagesse, de beauté et d’abnégation. Oui, abnégation pour amour, abnégation pour humilité, abnégation pour courage, abnégation pour retenue.
C’est à un geste de retenue que nous invite la nature, une pause, une attention, une réflexion, une écoute. Et peut-être entendrons-nous alors quelque chose d’autre surgir de nos cœurs affolés et contraints. Un appel, l’écho d’un appel qui résonne au loin, dans l’interstice de nos remue-ménages cérébraux.
Tant que nous ne nous engagerons pas dans cette voie personnelle de reconquête de nous-mêmes, le monde et les autres nous resteront largement incompréhensibles et, de ce fait, hostiles.
Nous commettons tous la même erreur, le même oubli, mais refusons de l’admettre. Ce serait trop bête que ce ne soit que cela… bête, comme le nom que nous avons donné aux autres êtres vivants, pour bien marquer une différence qui, aujourd’hui, sonnerait presque comme une malédiction. Quelle ironie vraiment.
Alors toi, mon ami, qui un jour m’as aidé. Toi qui as été un intermédiaire involontaire entre moi et celui qui préside à toutes les destinées. Toi qui as su trouver les mots justes pour m’interpeller en douceur : « hé ! Et si tu regardais par-là ? Peut-être y trouveras-tu une réponse. »
A moi de te dire aujourd’hui : « Détourne ton attention des discours toxiques. Ne cède pas aux sirènes de la surenchère dans le déni, l’arrogance et la haine aveugle. Ne tombe pas de Charybde en Scylla. »
Je ne dirai rien de plus pour le moment. Parons au plus pressé. Il sera toujours temps d’envisager des solutions une fois que tu auras recouvré tes esprits. Car elles existent.
« Quelqu’un m’a envoyé cette question : “Vous dites que cette vie est un cadeau, alors pourquoi y a-t-il tant de souffrance partout ?” Cette remarque exige une légère correction. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de souffrance, mais “partout” n’est pas le mot correct. Car il existe un endroit où il n’y a pas de souffrance et cet endroit se trouve en vous. » Prem Rawat