Le document souligne comme dangereuse la manipulation de l’opinion publique, dans le but d’obtenir certains objectifs politiques ou d’induire des comportements sociaux grâce à des mensonges dans l’information (fakenews).
Par Miguel Julio Rodríguez Villafañe (*)
Le 29 juillet 2021, la Fédération Argentine des Travailleurs de la Presse (FATPREN), une organisation syndicale de second rang qui regroupe les syndicats de presse de la République argentine, a proposé un « Pacte éthique contre la désinformation ».
La proposition doit être soulignée comme un important pas en avant dans la civilisation démocratique.
L’initiative précise que la lutte contre « les campagnes de désinformation intentionnelles relève de la responsabilité de tous, notamment des médias, dans leur rôle de contrôle et de vérification de l’information ».
Le document qualifie de dangereuse la manipulation de l’opinion publique, dans le but d’atteindre certains objectifs politiques ou d’induire des comportements sociaux au moyen de mensonges dans l’information (fakenews) et souligne que cela « devient beaucoup plus complexe à éviter en raison de la massification des médias numériques, grâce à laquelle il devient souvent très difficile de détecter l’auteur ou l’origine d’une fausse nouvelle« .
Tout ce qui précède, affirme le Pacte, implique la nécessaire responsabilité d’assumer éthiquement, de la part du journalisme et de tous les secteurs concernés par l’information, de ne pas laisser les mensonges inonder négativement le jugement critique des citoyens, car la santé du système démocratique « exige d’offrir aux citoyens une information véridique, dûment vérifiée, tant de la part du journalisme et des médias que des organisations politiques et des individus qui se disputent dans l’arène électorale ». Il est affirmé avec insistance que « la société a besoin que le débat politique soit construit sur la base de données exactes qui émanent de la réalité, ainsi que de faire prévaloir les valeurs éthiques sur lesquelles repose la qualité démocratique du pays ».
Il est plus qu’évident que le recours aux mécanismes de mensonges et de désinformation utilisés contre les opposants politiques sont des moyens qui doivent être éradiqués. La Fédération va même plus loin, affirmant que la « lutte implique non seulement de ne pas produire ou diffuser de fausses nouvelles, mais aussi la responsabilité de clarifier et de présenter des excuses lorsqu’elles sont produites ou diffusées par des membres ou des sympathisants de n’importe quel parti. Et dans ce sens, il doit y avoir une obligation de la part des partis politiques de clarifier et de s’excuser publiquement lorsque de telles situations se produisent ».
La FATPREN a également souligné que « en tant que défenseur de la transparence démocratique et de la qualité de notre profession, nous assumons la responsabilité de promouvoir auprès des travailleuses et des travailleurs de la presse sociale du pays la nécessité de se former pour agir en conséquence face aux mécanismes de désinformation ou aux campagnes de fake news à des fins politiques ».
Les citoyens et la société dans son ensemble « ont besoin que le débat politique soit construit sur la base de données exactes qui émanent de la réalité, et que les valeurs éthiques sur lesquelles repose la qualité démocratique du pays prévalent ».
L’engagement précise également que cela doit être mis en œuvre dans le respect de la liberté d’expression.
L’initiative a des contours fondamentaux dans sa gestation, puisque non seulement les syndicats de la presse, mais aussi d’autres syndicats liés à la communication, l’information et la diffusion, comme le syndicat des travailleurs graphiques et le syndicat des crieurs de journaux, ont participé au lancement de la proposition. Des universités, le bureau du médiateur, le Forum argentin des radiodiffuseurs communautaires (FARCO), des universitaires, des intellectuels, des journalistes et des législateurs, entre autres, ont également soutenu le projet.
La proposition invite les partis et organisations politiques argentins (nationaux, provinciaux et municipaux), ainsi que les organisations de la société civile concernées, à signer cet accord, et à s’engager à « ne pas générer ni promouvoir de fausses nouvelles ou de campagnes de désinformation au détriment des opposants politiques ». Et elle ajoute qu’ils ont pour vocation de « promouvoir auprès de leurs affiliés et militants la nécessité de bonnes pratiques de coexistence dans l’utilisation des réseaux sociaux ».
En outre, elle cherche à convenir d’un mécanisme de consultation permanent pour le suivi du Pacte éthique « afin de répondre rapidement à toute situation qui pourrait affecter le respect de cet engagement public ».
Le Pacte est un accord de base pour la défense de la démocratie et a le courage de naître des travailleurs de l’information, en préservant leur rôle historique de défense éthique de la fonction du journalisme, en faveur de la vérité de l’information.
Il est également clair qu’il est nécessaire de sauvegarder la dignité économique et professionnelle du journalisme en général, par rapport aux conditionnements de différents types qui peuvent affecter ses actions.
La « Déclaration de Chapultepec » de 1994 est l’instrument international qui établit une série de principes sur la liberté d’expression et la liberté de la presse que, dans la bonne pratique, l’Association des entités journalistiques argentines (ADEPA) fait signer aux candidats à divers postes.
Cette dernière entité regroupe les entreprises journalistiques, les éditeurs de journaux, de périodiques, de magazines et de sites web en Argentine. Toutefois, cette déclaration, qui n’est pas toujours respectée par les signataires, ne prévoit pas de droit essentiel en la matière, tel que le droit de rectification ou de réponse en temps voulu. C’est un point que reprend concrètement le Pacte proposé aujourd’hui par la FATPREN. Celui-ci prévoit un organe permanent de consultation pour la réponse urgente et l’excuse des mensonges, en particulier dans les campagnes politiques où, comme nous le savons, la vérité qui arrive après les élections ne répare pas les dommages causés par les mensonges diffusés avant les élections.
Le pacte a eu son précieux antécédent dans un autre similaire en 2019, promu par l’Association de la presse uruguayenne (APU).
Il est donc essentiel que ce Pacte soit signé par tous les secteurs, qui s’engageraient à respecter les bonnes pratiques en matière de communication, étape essentielle pour renforcer la démocratie et le journalisme éthique.
(*) Avocat constitutionnaliste et journaliste d’opinion de Cordoue