L’accord régional sur l’accès à l’information, la participation publique et l’accès à la justice en matière d’environnement en Amérique latine et dans les Caraïbes, plus connu sous le nom d' »accord d’Escazú », est un instrument juridique caractérisé par la priorité donnée à la protection et à la préservation de l’environnement, tout en garantissant le respect et l’intégrité physique de la population.
Par : Jhon Gregory Méndez Embús (Ingénieur en Environnement)
Cet accord a été adopté à Escazú, au Costa Rica, le 4 mars 2018 et son objectif principal, établi dans son premier article, est de » garantir la mise en œuvre pleine et effective en Amérique latine et dans les Caraïbes des droits d’accès à l’information environnementale, à la participation publique aux processus décisionnels en matière d’environnement, et d’accès à la justice sur les questions environnementales; et aussi la création et le renforcement des capacités et de la coopération, contribuant à la protection du droit de chaque personne, des générations actuelles et futures, de vivre dans un environnement sain, et au développement durable « . L’accord d’Escazu est entré en vigueur le 22 avril 2021, après avoir dépassé le nombre nécessaire de pays pour le ratifier, dont le Mexique, le Nicaragua, le Panama, l’Argentine et l’Équateur, entre autres.
Fondamentalement, l’Accord devient un outil nécessaire pour parler du développement durable aujourd’hui, car il cherche à générer un équilibre environnemental, social et économique, en tenant compte, avant tout, du bien commun, de la justice environnementale, de la participation des citoyens et du bon état des écosystèmes.
Malheureusement, en Colombie, l’un des pays les plus durement touchés par la corruption et les problèmes environnementaux et sociaux, avec des taux élevés de déforestation, d’exploitation minière illégale, de décès de leaders sociaux et écologistes, entre autres, son Congrès insiste pour classer l’accord d’Escazú et, en aucun cas de le ratifier. On peut le constater lors des nombreuses séances plénières du Sénat, où la question principale est toujours retardée, ou bien ne reçoit pas l’importance nécessaire et finit par être mise de côté.
Lors de la séance plénière du Sénat de la République qui s’est tenue le 17 mars dernier, il est apparu clairement que l’éventuelle ratification de l’accord compte un grand nombre d’opposants, notamment des sénateurs et des groupements d’investisseurs du pays dans des secteurs tels que l’élevage, la culture des palmiers et, surtout, l’exploitation minière.
Dans les discours prononcés pour montrer leur position, on retrouve les mêmes arguments contre l’Accord : « La souveraineté du pays est en train d’être violée » ; « En Colombie, il existe déjà de nombreuses lois qui régissent ces problèmes, nous n’avons pas besoin de plus » ; « une loi de plus ne résoudra pas le problème » ; « la Colombie peut résoudre ses problèmes sans impliquer de processus internationaux
Tomado de: @escazucolombia
Y compris, l’un des commentaires qui s’est démarqué, celui exprimé par la sénatrice du parti de droite Centre Démocratique, María Fernanda Cabal, qui a déclaré : « Escazú est la destruction de la Colombie. Ici, nous demandons aux ONG la permission de construire une route, un tunnel, un pont ou explorer ; à quel moment allons-nous donner le pays aux ONG environnementalistes, mondialistes d’extrême gauche ?
Terreur, ces émotions pourraient se refléter dans chaque mot des discours de l’opposition, et, bien sûr, en Colombie, il y a beaucoup de lois, de résolutions, de règlements, qui sont associés à ce que l’Accord d’Escazú propose. Toutefois, il est difficile de les faire respecter, en raison de la corruption qui règne dans le pays.
Alors, que se passerait-il si l’accord était ratifié en Colombie ? De manière simple, il y aurait un contrôle réel, voire international sur tous les processus, projets et actions qui impliquent une action directe ou indirecte sur l’environnement ; en même temps, la sécurité de toutes les communautés vulnérables et des responsables environnementaux ou sociaux serait assurée, et ceux qui attentent à leur vie seraient sévèrement poursuivis.
Tomado de: @ActivaEscazu
D’où la terreur, car si réellement le gouvernement, les investisseurs, les entreprises privées faisaient les choses correctement, en respectant la vie, en respectant l’environnement, ils n’auraient aucune raison de refuser un tel accord. Ils veulent tromper la population en lui faisant croire que si c’est approuvé, les projets ou travaux nécessaires au « développement » ne seront plus possibles, que les entreprises privées n’investiront plus, et que la Colombie perdrait son autonomie et son autorité sur ses politiques environnementales.
Mais ce n’est pas comme ça. Nous ne pouvons pas vivre avec des traces de ciment sur tous les écosystèmes, parce que la Colombie continuerait à exercer son pouvoir en tant qu’autorité maximale ; et il ne s’agit pas de demander la permission pour réaliser n’importe quel ouvrage, il s’agit simplement que chaque projet environnemental soit réglementé afin de garantir le bon usage des ressources naturelles, ainsi que l’état environnemental optimal pour la vie. Il ne s’agit pas seulement de donner la priorité au développement économique ; l’écosystème et les communautés indigènes et vulnérables souffrent de ces problèmes jour après jour et il est temps de les écouter, pour eux et pour l’environnement, car ils voient en l’Accord d’Escazú les portes d’un véritable développement durable.
Traduction de l’espagnol : Ginette Baudelet.