« Y’a quelque chose d’invisible ici, pis toi, je veux que tu travailles à ce que ça continue! »
Tel a été le mandat dicté par Jaclin Bégin, le maire de Sainte-Germaine-Boulé, à Mario Tremblay au moment de lui confier le rôle de cimentier du village, celui qui fait en sorte que tout se tienne, que le ciment pogne, en quelque sorte.
Pareil à une sentinelle, parce qu’il s’informe de tout, qu’il demeure à l’affut et qu’il protège cet esprit de corps qui règne dans ce petit coin tranquille de l’Abitibi-Ouest au Québec, Mario Tremblay se fait le devoir d’être partout, sauf en avant. Le soir avec Berthe, son basset, il arpente les rues du village. Bien souvent, il ne s’agit pas seulement d’une promenade de fin de journée, mais aussi d’une occasion de poursuivre « des dossiers », de solliciter « un p’tit service » ou d’écouter « un p’tit problème ».
« Ma job se fait dans les craques de planchers ou dans celles des rues le soir en promenant mon chien. Pis… il ne marche pas vite en plus, alors j’ai le temps d’en croiser du monde! », insiste-t-il.
Sur papier, Mario Tremblay porte le titre « d’organisateur du milieu communautaire », mais ce vocable fait fi des pieds et des mains qu’il peut faire, ou des ficelles qu’il réussit à tirer pour que la magie opère.
La méthode Abitibienne
Des projets, il en a. Il en pleut même s’il le faut, quitte à en inventer. Que ce soit en écrivant une histoire abracadabrante ou un conte qui pourra éventuellement, avec la contribution la plus élargie possible de tout un chacun, devenir un film, un festival ou un défilé.
« On le fait à la méthode abitibienne des pionniers, avec une intelligence collective, avec l’implication de tout le monde », explique-t-il.
Mario Tremblay est un rassembleur, le cimentier du village. Il a insisté pour mettre à l’avant-plan le travail d’un petit organisme, d’un groupe d’étudiants désireux de s’investir dans un circuit touristique en voiturette électrique, activité qui revient d’ailleurs cet été pour une deuxième année afin de donner vie au sentier historique, culturel et légendaire de Sainte-Germaine.
Il se plaît d’ailleurs à préciser que le Bonhomme Carnaval n’est pas celui que l’on croit. Bien évidemment, il a des racines germainiennes.
« Selon la légende, le Bonhomme aurait été inspiré non pas du Bonhomme de Québec, mais d’un vieux garçon qui était venu coloniser le village… « Le Bonhomme Carnavalier », assure Mario Tremblay.
Coup de foudre rural
Né à Pointe-aux-Trembles, dans le grand Montréal, Mario Tremblay a toujours cultivé un attachement pour le milieu rural. Ses grands-parents vivaient dans le bas du fleuve et, secrètement peut-être, il entretenait un amour pour ces petites communautés où tout le monde est connu par son surnom, par son travail, pour son unicité et où l’éloignement fait en sorte qu’on doive se serrer les coudes.
« Quand j’ai rencontré la mère de mes enfants, qui venait de Sainte-Germaine, on s’y est rendu en visite. J’ai eu un coup de foudre. Comme je pouvais prendre une année sabbatique, on s’est dit, “Passons-la en Abitibi”. Et pour moi, c’était clair que si je déménageais ici, c’était à Sainte-Germaine », dit-il sans équivoque.
En s’aventurant en Abitibi-Témiscamingue, Mario Tremblay a pris pays. Le reste fait partie de l’histoire. Le reste fera aussi partie des légendes qu’il n’a pas fini d’alimenter…
Lise Millette, L’Indice bohémien, Abitibi-Témiscamingue, Juillet 2022