Ce que l’on observe dans ces religions primitives, c’est la fréquence du culte rendu au soleil, source de vie et régénérateur, représentant le divin :
– En Égypte (Râ ou Rê),
– En Grèce (Apollon et Hélios),
– En Iran (Mithra),
– Au Mexique chez les Aztèques (Huitzilopochtli), dieu du soleil et de la guerre,
– En Mésopotamie ((Shamash),
– En Gaule (Bélénos), etc.
Lors des fêtes païennes les Celtes célébraient le solstice d’hiver, date à partir de laquelle les jours rallongent, renaissance du soleil invaincu (Sol Invictus) ; à partir du IVe s. la fête de Noël (natalis en latin : jour natal) se substitue à ces fêtes païennes et sera fixée au 25 décembre. Il est dit dans la Bible que Dieu est Lumière. Le Christ devient le nouveau symbole solaire.
1/ Celtisme et Druidisme
En Gaule, les prêtres de la religion solaire étaient nommés Druides dont le nom signifie « les très savants » (au chapitre XV du livre 1 des Stromates, Clément d’Alexandrie précise que Pythagore a emprunté sa doctrine aux Druides). Parmi eux, St Colomban, St Patrick, St Brendan avaient évangélisé le Nord de la France. Au cœur de la forêt de Brocéliande, ils créent « l’ordre secret de la table ronde » qui a donné naissance à de nombreuses légendes. L’enseignement des druides était essentiellement oral, mais aussi sculptural : ainsi une tête d’homme comportant des emplacements pour des « cornes » est symbole de la Connaissance (cf. Moïse*) ; du fait de cette transmission orale, rien de précis ne nous est resté, hormis le fait que leurs initiations avaient lieu dans les dolmens et que leur doctrine reposait sur une triade :
- Honorer les dieux : le premier devoir
- Ne rien faire de mal : concerne les devoirs envers autrui
- Développer son courage : concerne le devoir envers nous-mêmes [1]
Les cathédrales ont repris la tradition des dolmens. Les lieux de culte étaient implantés en fonction de la course solaire, de sorte que le soleil au lever éclairait la face des édifices. Ce dont il est question dans ces lieux de culte d’hier et d’aujourd’hui, c’est de l’ÉNERGIE, et de sa transmutation.
2/ Tellurisme et géobiologie
Des liens énergétiques unissent la Terre et le Ciel. L’Univers, vaste océan d’ondes électromagnétiques, est une vibration qui donne naissance à toute la matière, cette vibration, c’est l’Énergie : lumière, ou chaleur, de nature végétale ou animale, spirituelle ou temporelle, elle est Une. On peut donc dire à son propos que sous une grande diversité apparente, elle est la seule unité de base.
Bien que l’on ignore comment ils avaient acquis ce savoir, les druides connaissaient les réseaux de forces énergétiques, les lieux où ils se manifestaient et n’ont donc pas implanté les lieux de culte au hasard tant « il est vrai que ces monuments bien énigmatiques paraissent être des piles sur des courants d’eau souterrains » constate J.P. Bayard [2]. Ces forces de la Nature, au nombre de deux, sont :
- Celles provenant de la Terre (féminines) : dirigées de bas en haut
- Celles provenant du Ciel (masculines) : dirigées de haut en bas
Les eaux souterraines (cf. le maillage du réseau Hartman) ont une importance certaine dans le choix de l’emplacement d’édification des lieux sacrés. Qu’il s’agisse d’un bras de rivière que l’on a détourné ou d’un réseau, on en discerne la présence en entrant dans le sanctuaire : s’infiltrant par capillarité dans les piliers ou le dallage, l’eau crée une atmosphère de fraîcheur perceptible. « Les Druides nommaient wouivre une sorte d’esprit de la Terre serpentant à travers le sol, un courant tellurique. Ces wouivres naissent des mouvements des eaux souterraines et des failles de terrains… Parfois, elles sont des forces traversant le ciel, des courants magnétiques, qui peut-être à certains endroits bien précis vont rencontrer d’une manière particulièrement bénéfique l’action des courants telluriques et créer là un lieu privilégié que les Druides vont alors marquer d’un dolmen ou d’un menhir ». [3]
Les dolmens, ou tables dolméniques, avaient pour particularité de capter et d’amplifier ces courants d’énergie, comme de véritables émetteurs-récepteurs. Érigés au croisement d’une source, d’une rivière, ou d’un fleuve, ils présentaient des propriétés thérapeutiques connues en lithothérapie (du grec lithos, la pierre).
Le Menhir de Champ-Dolent, France. Photo : © Guillaume Piolle / Wikimedia Commons
Dolmen de la Roche-aux-Fées (Ile-et-Vilaine). Photo : © Sémhur / Wikimedia Commons
De Chartres, capitale religieuse des Gaules, part un important « fleuve tellurique » qui va jusqu’à Tombe-Belen (Tombelaine : îlot dans la baie du mont Saint-Michel).
Les cathédrales sont construites sur ces réseaux électromagnétiques et agissent sur nous comme des batteries chargées d’une énergie régénératrice.
3/ Christianisation de la Gaule
Sachant les temps venus de l’apparition d’une nouvelle religion, les Celtes se convertissent au christianisme. Il apparaît en Gaule au IIe siècle après J-C, et devient religion d’État suite au concile de Nicée convoqué par l’empereur Constantin Ier. Toutefois, cette conversion s’est opérée après bien des péripéties répréhensibles et des actes blâmables, comme l’indiquent les Archives des sciences sociales des religions, « rites perturbés, temples détruits, arbres sacrés coupés, sources sacrées souillées. L’histoire de la mission chrétienne est remplie de récits qui exaltent comme des actes de courage héroïque ces campagnes de destruction, souvent violemment contestées par le peuple ». [4]
Nolens volens, au Ve siècle, le monde gallo-romain est devenu chrétien.
La christianisation des Gaules, qui s’est développée par le biais d’une volonté d’éradication du paganisme, a opéré selon ces mots d’ordre :
– Baptisez ce que vous ne pouvez détruire
– Baptisez ce que vous ne devez pas détruire [5]
On note cependant certaines correspondances entre le celtisme et la Tradition chrétienne : ainsi la table dolménique (ou dolmen) – qui était le lieu recevant les énergies cosmiques – sera remplacée par l’autel dans les édifices chrétiens. Ou encore la déesse Bélisa des Gaulois, représentation de la Terre fécondée sans contact par le dieu soleil, correspond à Notre Dame, Vierge et mère.
La Tradition chrétienne a repris un certain nombre d’éléments d’autres religions ; ainsi la déesse égyptienne Hathor, incarnation de la déesse babylonienne Ishtar possédait de nombreux attributs, dont celui de la maternité, de la protection de la féminité, et l’on pensait « que les pharaons tenaient leur divinité du lait d’Hathor, qui leur permettait de devenir des dieux de plein droit. On disait qu’ils avaient été nourris du lait d’Hathor, comme les rois de Babylone l’avaient été par celui d’Ishtar » [6]. Quant à la prière du Notre Père, elle est en réalité « transposée d’une invocation égyptienne au dieu de l’État, qui commençait ainsi : « Amon (Amen) qui es au cieux » [6]. Dans le catholicisme, le mot Amen a été placé à la fin.
Les Manuscrits de la mer Morte découverts en 1947 à Qumrân en Judée nous apprennent que l’archange saint Michel et Melchisédech ne faisaient qu’un ; ce dernier présenté en tant que roi de Jérusalem n’est mentionné que brièvement dans la Genèse.
René Guénon quant à lui, affirmait que « les origines de la légende du Graal se rapportaient à la transmission d’éléments traditionnels d’ordre initiatique, du druidisme au christianisme ». [7]
Notes
[1] Atlantis, N° 272, Paul Le Cour.
[2] J.P. Bayard, La Tradition cachée des cathédrales. Ed Dangles.
[3] A.et D. Givaudan, Esprit du soleil, Ed Sois.
[4] Pietro Boglioni, Archives des sciences sociales des religions. Ed EHESS.
[5] Druide Kadith, Le druidisme : une philosophie d’hier et de demain. Ed. L’originel.
[6] Laurence Gardner, Les secrets perdus de l’Arche d’alliance, Ed Trédaniel.
[7] René Guénon, Aperçus sur l’Ésotérisme chrétien, ch. VII.
* Moïse et le pharaon Akhenaton seraient un seul et même homme : « Oui Akhenaton est bien le personnage qui fonde Moïse. » Patrice Hernu in Agora-Paris. Voir également Laurence Gardner in « les secrets perdus de l’Arche d’alliance » p. 74 : « Alors Moïse/Akhenaton…
Moïse. Photo : Akhenaton. Photo : Hajor
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Série Les Cathédrales