Du 1er au 26 août, les 191 États parties au Traité de non-prolifération nucléaire sont réunis à New York, au siège de l’ONU pour participer à la 10e conférence d’Examen de ce traité.

De New York, pour ICAN France, la première semaine est consacrée au débat général, avec un total de 134 interventions prévues. Le premier jour, ce sont principalement des chefs de gouvernement (Fidji, Japon, Slovénie) et ministres des affaires étrangères (Allemagne, États-Unis, Hongrie, Guatemala, Suède, RDC, Belgique, Jordanie) qui se sont exprimés. À ce titre on peut retenir que :

  • Anthony Blinken pour les États-Unis, appelle la Chine et la Russie à engager des pourparlers sur un futur Traité de réduction des armements ;
  • Annalena Baerbock pour l’Allemagne, a mentionné le TIAN et l’importance du sujet de l’assistance aux victimes ; apportant aussi un témoignage personnel sur une rencontre avec un Hibakusha de Nagasaki.
  • Hadja Lahbib  pour la Belgique a critiqué indirectement le TIAN.

Il faut relever que de très nombreux États (liste non exhaustive : Mexique, Nouvelle Zélande, Algérie, Philippines, Chili, Costa Rica, Burkina Faso…) mentionnent le TIAN, le plan d’action de Vienne, sa complémentarité avec le TNP, demandent son universalisation, et ils rappellent les conséquences humanitaires catastrophiques des armes nucléaires. Un message en lien direct avec l’intervention du Secrétaire général de l’ONU (1er août) qui indiqua : « Les nuages qui se sont dissipés après la fin de la guerre froide se rassemblent à nouveau. Nous avons été extraordinairement chanceux jusqu’à présent, mais la chance n’est pas une stratégie ni un bouclier contre les tensions géopolitiques qui pourraient dégénérer en conflit nucléaire. Aujourd’hui, l’humanité n’est qu’à une erreur de calcul de l’anéantissement nucléaire ».

L’Afrique du Sud est le premier État à avoir mentionné que le TIAN va de pair avec le TNP et « doit faire partie des résultats de la conférence d’examen ». Cela signifie clairement que parvenir à un Document final semble très compliqué, les puissances nucléaires ne voulant pas voir, jusqu’à présent, le TIAN être mentionné. Il faut remarquer aussi que le Brésil va organiser (4 aout) un évènement parralèle avec Pugwash concernant la complémentarité du TIAN et du TNP.

La guerre en Ukraine est bien sûr au centre des interventions de nombreuses délégations (principalement du Nord ; ce qui montre bien un décalage de perception de cette guerre avec les États du Sud) ; la Russie parlant à ce titre « d’opération spéciale »…

Relevons la déclaration du P3 (Royaume-uni, États-Unis et France) avec un élément positif, la citation de « nous reconnaissons qu’une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée » ; et comme élément nouveau le fait de qualifier les armes nucléaires (celle du P3) « de servir à des fins défensives, de dissuasion et de prévention ». Argument qui est un non-sens car ces armes ont toujours été décrites comme servant uniquement à dissuader….

À noter que l’OTAN (présente comme observateur, au même titre que l’on retrouve d’autres organisations comme la Commission africaine de l’énergie nucléaire, l’organisation de PELINDABA ou encore l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires) va prendre la parole dans le cadre du discours général (probablement jeudi) ; une prise de parole qui n’avait encore jamais été réalisée !

 

Ce texte, de Jean-Marie Collin, est le premier d’une série réalisée pendant cette 10e conférence ; à noter que ICAN France est présente à cette conférence avec le soutien de la Heinrich-Böll-Stiftung Paris, France.

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