À Aire ouverte, un service original offert aux jeunes avec diverses problématiques, les utilisateurs prendront part à la création d’une murale. Pour dire les choses simplement, le projet consistait à peindre un mur en béton gris qui fait face à la terrasse de l’établissement du bâtiment, un espace très apprécié par ceux qui fréquentent Aire ouverte.
Puis, le projet a pris une autre ampleur en devenant une activité en soi. Il en a même généré d’autres en périphérie.
« On voulait faire des activités en lien avec l’art-thérapie, faire de l’art, faire des choses qui nous intéressaient et pouvoir parler ensemble. Or, l’année dernière, nous avons eu de l’argent de “Cause pour la cause” qui nous permet de faire ce type d’activités en extérieur », indique Manon Boily, l’organisatrice communautaire au CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal.
Aire ouverte a fait appel alors à Ankh One, un muraliste qui n’est plus à présenter tant ses œuvres ornent depuis quelques années plusieurs murs de Montréal. Il est, entre autres, l’auteur avec Dodo Ose de « fenêtres sur Ahuntsic », la première œuvre réalisée sur un mur de la Promenade Fleury en 2015.
Avant l’image
Avant de se lancer, l’artiste a d’abord discuté avec les jeunes qui ont « pitché» des mots, comme il le raconte.
« On a pris un tableau et on a inscrit durant un après-midi tous les mots qui venaient à l’esprit des jeunes et qui les inspiraient », raconte Ankh One.
Il y avait de tout : fierté, générosité, partage, fenêtre sur un autre monde, arche de Noé, ancre. C’est avec ce matériel que l’artiste est allé méditer dans son atelier pour revenir avec une proposition assez complète, mais qui n’exclut pas un enrichissement.
Certes, Ankh One dirigera la réalisation et dessinera lui-même, mais l’occasion est offerte aux jeunes d’assister à la naissance de l’œuvre.
« Les jeunes pourront venir durant les dix jours pour assister ou voir. Pour prendre un pinceau, il faudra avoir participé à la conception », précise tout de même Camille P. Paquin, la sexologue de Aire ouverte.
La réalisation commencera le 20 juin et s’étalera sur 10 jours. Ce n’est pas la première fois que Ankh One travaille en concertation avec le public. Toutefois, cette expérience revêt un aspect pédagogique qu’il souhaite souligner.
« Les jeunes étaient curieux quand ils croisaient une murale. Ils se demandaient comment ça se fait. Ils vont être eux-mêmes les acteurs de la chose cette fois », relève-t-il.
Prendre part
La participation à la création est aussi un moyen de s’identifier à Aire ouverte, une ressource conçue pour les jeunes et surtout avec eux.
« Il y a une forme d’appropriation des lieux par les jeunes. Ils vont réaliser une vidéo pour documenter le processus de création; ils vont aussi participer à un atelier d’écriture pour faire une chanson sur leur murale », ajoute Manon Boily.
Créée il y a quatre ans, Aire ouverte est un projet pilote qui offre un accès particulier aux jeunes qui auraient du mal à se rendre à un CLSC ou à un hôpital. Elle récupère les jeunes en difficulté que le système risquerait de perdre faute de prise en charge rapide.
Dans ce lieu loin de ressembler à un service de santé ordinaire – un duplex de la rue Sauriol Est –, tout vient des jeunes, du choix du mobilier à l’aménagement, en passant par les horaires et les programmes d’activités.